mardi 19 août 2014

Au Bord du Gouffre : où est l'Espoir ?

Il y a bientôt huit ans ...


J'avais rêvé d'escalader une montagne et finalement j'ai pris les chemins de traverses pour arriver au sommet, lentement mais surement.


Dans mon rêve, au dessus, il y avait une vue superbe sur des lumières de la ville la nuit avec des étoiles au dessus, et un rendez vous prévu avec quelqu'un, je ne savais où dans cette métropole, après l'effort. Mais cette personne m'attendait.
J'aurais aussi pu y voir la mer et ses vagues chaudes du soleil et le ciel bleu.


Et maintenant ?


Je n'y vois qu'un gouffre, sombre, mais d'un noir enveloppant et cotonneux.


Il m'attire, je lui tourne autour ... Il me tourne autour. Il m'entoure.


Si facile de s'y laisser glisser et de ne plus rien ressentir, de ne plus rien sentir, de ne plus rien pleurer, de ne plus rien souffrir, de ne plus rien saigner, de ne plus rien se blesser, de ne plus rien avoir mal, de ne plus rien avoir comme bleus au corps et à l'âme, de ne plus se décevoir, de ne plus devoir toujours faire des efforts pour tout, de ne plus avoir froid au fond de soi, de ne plus devoir aller à l'hôpital et faire des doddles pour les rdv, de ne plus devoir demander, de ne plus dépendre tant, de ne plus vivre ce chemin solitaire, de ne plus espérer qu'on comprenne, de ne plus prévoir puis devoir renoncer et rester frustrée, de ne plus rêver l'irréalisable, de ne plus crier en silence à l'intérieur de soi, de ne plus se sentir désespérée et si limitée, de ne plus devoir expliquer et réexpliquer, de ne plus se demander quel est le sens (qu'ai je fait ou que n'ai je pas fait), de ne plus essayer d'accepter, de ne plus se révolter, de ne plus hurler sans cris, de ne plus voir ce monde bouger sans soi hors de soi, de ne plus parler sans que les yeux ne se remplissent d'eau et que la voix ne chavire, de ne plus regarder tout ce qui est beau sans être touchée, de ne plus ne pas avoir faim, ou d'avoir de temps en temps faim de ce que je ne peux manger, de ne plus devoir renoncer aux mochitos et au vin fumé, de ne plus sentir cette lance qui me retourne les entrailles et imaginer comme le pauvre soldat  regardait ses tripes se répandre à l'air, de ne plus essayer de trouver la position fœtale qui m'occasionne le moins de douleurs, de ne plus courir dix fois aux chiottes en deux heures, de ne plus être en sang, de ne plus prendre froid au moindre courant d'air, de ne plus chercher  les meilleurs soins physiques, psychiques et énergétiques, de ne plus être en colère ou triste ou frustrée ou stressée, de ne plus être un alien avec un corps extérieur ajeuni par rapport au corps intérieur dysfonctionnel et vieilli avec une immunosuppression telle que même un vaccin pour le pneumocoque n'a pas pris,  de ne plus me demander si une partie de moi est déjà morte, de ne plus devoir avaler un petit déjeuner composé de pilules de toutes les couleurs, de ne plus me réveiller seule dans le noir à 22h parce que je me suis endormie esseulée dans le divan depuis 18 ou 19h, de ne plus avoir le sentiment de pouvoir partager l'indicible de ce que je vis, de ne plus devoir gérer sans arrêt mes entrées et sorties d'énergie (ou mes couverts cf l'histoire des petites cuillères), de ne plus être atteinte par la douleur, de ne plus se forcer, de ne plus être, de ne plus rien penser ... de ne plus rien devoir panser.


Trouver la paix, trouver la Lumière, retrouver des êtres manquants, trouver le commencement et la fin ensembles.


Se fondre dans le Tout.
S'endormir sans se réveiller prisonnière.
Ni rêves ni cauchemars.
Plus besoin de forces.
Plus besoin de toujours avoir de la volonté.
Plus besoin de façades.
Plus besoin de se porter.
Plus besoin ni d'avoir ni d'être.


Si facile ...
Si paisible.
Si simple.


Où sont passés  mes rêves ?
Tellement épuisée, saturée que je ne les trouve plus ...


Même là où j'ai des racines, je n'arrive plus ...
Plus envie de tenir debout.


Mais ma mère est encore là, alors j'essaie comme je peux.
Et je vais aller redormir, pour continuer, malgré tout.


Peut être qu'un jour la flamme reviendra ?

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