vendredi 2 août 2013

Rencontres en direct et échappées d'avec la mort

Bonjour Tous,

... Je ne sais pas du tout où je vais avec ce blog ... là où il m'emmène !
Ces dernières semaines je suis particulièrement découragée, 7 ans que ça dure, je n'en peux plus.
Mais voilà si j'ai traversé tout ça c'est bien pour une bonne raison (laquelle je ne sais pas encore !) Peut être faire partager mon expérience et faire comprendre certains détails vécus du fond des tripes ?
Ma première expérience de la mort de près a t elle été ma naissance ?
En tous cas la 1ère qui fut consciente est celle que j'ai vécue à 20 ans, dans l'eau qui semblait si accueillante d'un lac - le lac de Berne, en Suisse.
Soleil, reflets sur l'eau, un groupe de copains de ma cousine (je ne les connais donc pas vraiment), il fait chaud, bikinis, tensions drague dans l'air, on prend le dinghy et on s'en va "au milieu" du lac, on s'amuse, on s'éclabousse, on saute, on nage.
Je saute et ... je n'arrive pas à remonter ... emportée par un étonnant et surprenant courant d'eau froide, glacée même.
???
Ça va tellement vite et c'est simultanément un temps suspendu : en commençant de suffoquer je réalise que je coule et que si je ne fais rien je vais mourir. Je vois trouble et aucun des copains.
Il faut croire que mon instinct de survie était déjà bien ancré. "Je ne veux pas mourir". Dans un mouvement désespéré des pieds et de mon corps pour contrecarrer l'effet paralysant du froid et la force du courant, je bouge et je sens que j'ai gagné un tout petit peu de terrain mais j'ai l'impression que je vais m'évanouir, je tiens bon et recommence, et heureusement, l'un des copains - nageur chevronné et sauveteur en Israel par ailleurs - était venu voir et m'a prise pour remonter.
J'ai craché mes poumons, on a beaucoup moins rigolé, on s'est laissé porter par le dinghy un moment, au soleil pour récupérer et on est rentré, rdv pour un pique nique le lendemain.
Retour chez ma cousine où ma tante nous fait un sermon d'enfer quand on lui a dit où on avait été sur le lac : régulièrement, des gens disparaissaient noyés à cet endroit, on remontait parfois des corps, souvent plus en contrebas, corps noyés. C'était un endroit dangereux.
Jamais on n'a reparlé de cet épisode entre nous.
Depuis je ne suis pas très très copine avec l'eau.

La deuxième expérience consciente c'est à la trentaine.
Je suis en route pour rentrer chez moi, 31 septembre, vers 19h20, le ciel est très légèrement clair obscur.
Tout à coup je vois 3 types foncer dans ma direction en courant au milieu de la chaussée comme des dératés : "courir comme ça c'est pas pour une bagatelle"
Pan comme un coup de pétard ... je vois le 2ème qui tient une arme et qui vient de tirer à bout portant dans le dos du premier. Ce dernier fléchit mais continue d'avancer vers l'entrée d'un hôtel. Pan.
Je continue ma route mais au ralenti, tordue pour regarder ce qui se passait.
Et je me retrouve nez à nez avec le tireur qui voulait retraverser.
Face à face, les yeux dans les yeux, lui son arme pointée sur moi, sur mon ventre.
Je le sentais paniqué.
Je me suis dit "voilà, c'est ça mourir".
Là aussi, le temps est suspendu, tout va tellement vite et à la fois tellement découpé comme dans un storry board.
Je lui hurle dessus (j'ai le sentiment de lui hurler, je ne sais même pas si je l'ai dit à voix haute et en plus il ne parlait pas français !) "c'est pas mes oignons, c'est pas histoire, je me barre" et je me suis retournée pour cette fois ci continuer mon chemin afin de rentrer chez moi.
Il a été tellement surpris  ... qu'il a continué lui aussi pour aller à leur voiture garée au coin d'une rue perpendiculaire.
Je regarde toujours la scène : lui du côté chauffeur, l'autre portière était restée ouverte, avant de monter dans la voiture il attendait son complice (qui était resté voir dans l'entrée de l'hôtel si leur victime était bien morte, ce qui fut le cas).
Je me dis "retiens leurs visages" ... allez retenir un visage inconnu ... déjà faire un portrait robot de quelqu'un que vous connaissez bien ça n'est pas évident. Je me suis dit que ça ne marcherait pas, mon regard glisse plus bas : la plaque.
Je mémorise. Ils finissent par s'enfuir en démarrant en trombe manquant d'écraser une maman et sa poussette au passage.
Je continue ma route, dépassant ma porte (pour ne pas qu'ils voient que je rentre là au cas où ils regarderaient en arrière ce que j'avais vu faire par le complice qui devait plutôt faire attention à l'arrivée ou non d'une voiture de police).

Le respect de la Vie est une valeur fondamentale pour moi.
On ne tue pas impunément.
J'ai donc témoigné (je vous passe les détails des procédures et des rapports entre police communale et gendarmerie et PJ à l'époque : une réelle catastrophe, moi qui bossait dans un bureau d'aide aux victimes pour la commune de Schaerbeek à ce moment là j'en savais quelque chose de l'intérieur).
Dans une affaire de blanchiment d'argent, de règlement de compte maffieux entre ex-soviétiques du Turkménistan et de la Tchétchénie (évidemment je ne le savais pas au départ !).
Un conseil avisé : moins vous avez de contacts avec la justice, mieux vous vous porterez.

Leur procès fut le premier procès depuis la création de la Belgique dont le Juge a cassé le verdict des jurés d'Assises, par manque de preuves pour le complice.
Le procès a été un vrai calvaire pour moi.
La "Justice" cette grande dame vous considère d'une manière tout à fait déshumanisée.
C'est une pièce de théâtre qui se joue, pas une comédie non, une grande tragédie.
Ou encore de l'ordre de  "la comédie humaine".
Alors que le propos principal qui nous occupe est la mort d'un homme.

Je crois que chacun, jury, témoins, victimes (la veuve), auteurs, avocats, policiers, sort avec un quelque chose de soi broyé par la grande machine.

Grâce à mon témoignage principalement, l'assassin a écopé de 21 ans - et réinterrogé par la suite pour le 2ème procès concernant son complice - il a avoué que c'était bien lui, etc, etc.
Et pour la petite histoire on avait laissé le complice en liberté ... il a donc été jugé par contumace, ce monsieur n'ayant pas demandé son reste pour quitter la Belgique.
Pour l'anecdote, le chef d'enquête de la PJ de l'époque m'avait dit que même les avocats (dont certains qu'on voit toujours régulièrement à la TV pour les grands procès d'Assises) avaient "peur" de leurs clients totalement imprévisibles et barjo.

Et puis à la veille de la quarantaine : ce cancer du sein et tout ce qui s'en est suivi qui est en partie repris dans les billets précédents ...

En ce qui me concerne j'ai donc vécu quelques épisodes d'apprivoisement avec la grande faucheuse ...
Et des moments très intenses aussi avec la Vie.

Après un billet, écrit d'une traite, je suis ko. la suite pour demain ou plus tard ...

Bonne chaleur à chacun !

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