mardi 20 août 2013

Les Montagnes Russes du malade chronique

Hier une inconnue m'a dit "Dieu ne fait pas porter sa croix à la personne qui ne peut la porter" (si j'ai bien retenu) ... autrement dit pour elle la croix que l'on porte, c'est qu'on est assez fort pour la supporter.

D'abord j'ai pensé: purée, merci pour la croix !
Ensuite : dans le fond si je suis toujours là, malgré le découragement, la douleur, les souffrances, les larmes, les blessures, les maladies, les pertes, les décès et ruptures, le chagrin ... c'est que j'ai toujours de la réserve. ;)
Et je la trouve bien quelque part ! Les gens que j'aime, ceux qui m'aiment, la fleur sur mon balcon qui pousse jour après jour si j l'arrose, un mail, des sms, des téléphones, le jeune gentil nouveau voisin libanais catholique qui prie pour moi et m'offre une immense boite de pâtisseries orientales - ceux qui en veulent, venez partager ! - la dame qui me donne un verre d'eau parce qu'elle voit que je failli dans son magasin, la peinture - même si elle est un peu de côté pour le moment - les ronronnements de mon félix, les rires partagés, les larmes partagées, et bien d'autres jolies choses.

Et 2 heures plus tard au téléphone avec une amie, je parviens à peine, la voix flottante, à lui dire que je n'en peux plus, que là c'est trop dur (la fièvre tous les jours depuis les perfusions n'arrange pas et cela m'angoisse) car pas de répit, pas moyen de me poser et de retrouver de la force et du calme dans cette tempête émotionnelle et physique.
Quand d'une minute à l'autre on se retrouve incapable de tenir debout car le malaise est tel que debout on tombe, le cœur palpite et joue des rythmes bizarres, le corps se couvre de suée, les cheveux et le menton dégoulinent, l'impression d'avoir été rétamée par une équipe de rugby (au moins avec cette image je peux voir de jolis garçons !), on pèse 3 tonnes, la tête est prête à éclater, les jambes flageolent, la concentration particulièrement absente (bonjour les sms envoyés dans cet état : ou en 10 morceaux parce que j'appuie sur les mauvais boutons, ou des sms qui partent vides, ou des sms incompréhensibles, à part pour N.).
Vous ne pouvez même pas vous lever pour prendre un verre d'eau ...
Donc chez moi sur toutes les tables il y a des bouteilles d'eau !  ;)

Une des choses les plus difficiles pour moi, finalement, c'est d'apprendre à gérer cette frustration et cette usure.
Tout malade chronique connaît ce sentiment de rage, certains se résignent, d'autres luttent alors que le vivre en attendant que ça passe est la seule solution : accepter et savourer le moment suivant quand on se sent tellement mieux. Hum ... franchement je n'arrive pas (encore) à le traverser ainsi aussi consciemment et calmement chaque fois, loin de là. Mais c'est un de mes buts.

Avec une autre amie je pleure au téléphone puis en quelques respirations j'arrive à retrouver mon calme ... avec toutes ces expériences, j'ai appris - grâce à l'hypnothérapie, au yoga et à la méditation - à pouvoir me recentrer en respirant profondément. Bon pas à chaque fois mais quand même ... suffisamment cette fois ci pour retomber avec humour dans la discussion.

L'autre difficulté : l'angoisse. A force de se ramasser à la pelle toutes ces "délicatesses" de la vie (cf les billets précédents), on ne peut s'empêcher à certains moments de rentrer dans le cercle vicieux de l'anticipation, évidemment négative, du demain et du lendemain et du surlendemain ...
Alors j'essaie de penser à l'horloge qui fit une dépression : un jour, elle se mit à penser au nombre de fois où elle devrait “tictaquer” pendant l'année. Sachant qu'il y avait deux tic-tac par seconde, 120 par minute, 7 200 fois par heure, 172 800 par jour et 1 209 600 chaque semaine, l'horloge se rendit subitement compte qu'elle devrait “tictaquer” près de 63 millions de fois pendant les 12 prochains mois. Plus elle y pensait, plus elle devenait anxieuse. En fin de compte, l'horloge devint tellement affolée qu'elle fit une dépression. Confiant son problème à un psychiatre, l'horloge se plaignit qu'elle n'avait pas la force de “tictaquer” si souvent. Le médecin lui répliqua: “Mais combien de tic-tac devez-vous produire à la fois ?” Et l'horloge répondit : “Seulement un”. “Eh bien, contentez-vous de faire un tic-tac à la fois et ne vous inquiétez pas du prochain, lui conseilla-t-il. Vous vous porterez bien, j'en suis certain”.

Le fameux "Ici et Maintenant" de mon père. De Patricia.

Prenez soin de vous, chacun(e), sentez que vous respirez, c'est la Vie, et appréciez cet instant.

:)
 

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