mardi 3 septembre 2013

Les Larmes : Une lettre pour ma maman ...


Les larmes ...
Papa  un jour m'a dit qu'il s'était posé des questions quand j'étais petite ... que je ne pleurais jamais ... il se demandait si j'étais normale ?

Depuis l'année passée je me suis bien rattrapée !!!

Depuis que je suis allée au centre de la douleur 2012 et depuis que je vois le psy et l'hypnothérapeute ... c'est comme des  robinets qui se sont ouverts
et qui pleurent des années
... de blindage,
... de dissociation quand j'ai traversé le sein et la tbc : genre c'est pas à moi que ça arrive c'est à quelqu'un d'autre. Et ça, je le sais bien du côté boulot (je m'occupais de victimes de violence)  quand ça explose à la gueule ça fait du mal ... j'ai trop appris à ne pas montrer avant .. pour protéger les autres ?,
... de prise sur moi pour correspondre à l'image du mythe familial "un B.R."  ça traverse tout" (alors que caché tu ne le sais que trop bien, papa pouvait continuer parce qu'il t'avait toi, sa mère à lui elle avait sa fille ... moi je suis "seule"), pour protéger mon image et les autres
... et d'une brusque prise de conscience de plusieurs choses qui se mêlent :

-les médocs : c'est clair ce que je prends (morphiniques, 200 mg minimum par jour, et un tas d'autres cachets pour les douleurs) ça joue sur "l'humeur" et sur le cerveau, et sur les "points faiblesses ", le cerveau ancestral des émotions : peur tristesse colère joie etc,  ou je ne sais pas trop  comment appeler/définir ça
-la prise de conscience et les deuils qui vont avec : je suis une personne qui est malade (je ne suis pas juste une malade !). Avant je niais la maladie, même  le cancer et la tbc etc  : mais le fait est là, je ne retrouverai jamais une bonne santé, c'est la réalité, mon corps est irrémédiablement abîmé (ils m'ont dit les organes à l'intérieur sont ceux d'une "vieille" dame de 65/70 ans - quel paradoxe quand rien ne se voit et tant mieux pour moi et qu'on me donne moins que mon âge !)  même si on peut soigner certaine parties, je serai toujours dépendantes de médicaments et de traitements, heureusement qu'ils sont là mais je dois renoncer à cette indépendance qui me caractérisait ... et je ne retrouverai pas une vie "normale" je dois m'adapter ... mais là je suis un peu usée pour le moment alors il me faut + de temps
- dans les deuils (de qui je pensais que je serais, de la bonne santé, des morts, des pertes ...) il y a la phase d'acceptation et j'ai tellement de mal avec ça ... je n'arrive pas à accepter alors je pleure - pour le moment ... ça va prendre du temps mais j'y arriverai au dessus de la montagne et de l'autre côté, je le sais, j'ai une volonté de Marie Jo (même si parfois je me dis que pas vivre ce serait plus facile pour moi, de un je ne te ferais jamais ça de deux si je suis encore vivante sur terre c'est qu'il y a une bonne raison même si je ne la connais pas encore)
-la fatigue et la douleur  ... dès que je suis un brin plus fatiguée ou pas bien physiquement, c'est parti ... je pleure pour le moindre truc difficile et ça ne manque pas pour le moment
- la fatigue justement, est encore amplifiée avec cette bi-biothérapie ...  Incroyable mais Vrai !! Horrible !!
- les deuils successifs : faut quand même dire que c'est pas fréquent de perdre son papa, puis à intervalles réguliers, une amie très proche, mon big boss auquel j'étais très attaché pour diverses raisons; qui représentait aussi une sorte de figure paternelle protectrice (de mon statut), c'était un élément sécurisant de mon présent et futur - comme papa,  et puis Max mon chat de Suisse (ça parait con pour les gens qui ne comprennent pas l'attachement qu'on peut avoir avec un chat ou un chien, la nature même, la Vie, les projections qu'on fait sur lui etc ... mais c'est bien réel  cet attachement et la douleur de la perte qui va avec) je suis contente que mon frère vive avec toi pour le moment. Et vice versa.
- je sens que mon corps est dans une lutte fatigante avec ce nouveau produit ... les élévations de températures c'est pas anodins  donc beaucoup d'énergie va là dedans (je devrais l'y mettre toute mais pour s'en ressourcer il faut aussi faire/ressentir des choses qui font du bien sinon  où trouver l'énergie ? et puis la vie continue avec ses exigences - vaisselle, linge, nettoyer, ranger, courses, papiers, etc) et ses tentations, alors je fais des choix (et un choix c'est encore un renoncement  ben oui ) et parfois je préfère passer une belle et bonne après midi avec des amis quitte à être tout à fait  HS à en pleurer pendant 2 ou 3 jours après
- dans ma vie actuellement qu'est ce qui est sécurisant ? ... pas tellement de choses à moyen terme  ... je dois avancer pas à pas sinon je tombe dans l'angoisse. Et je pleure : lieu de vie (mon nid) - affectif - statut et argent et moyens pour me soigner du coup, etc
- je suis seule ... c'est la 1ère fois que je vis seule vraiment, je veux dire pas en couple depuis 25 ans et des poussières, faut s'habituer ... je ne peux pas partager avec un compagnon le quotidien et les difficultés - comme des milliers de gens soit dit en passant. Mais c'est encore une adaptation en plus pour moi.
- il y a sans doute d'autres éléments dont je n'ai pas encore la conscience ... mais le liste est déjà assez longue comme ça !

Je t'écris tout ça parce que je ne  sais pas si tu comprends ce qui se passe (ou peut être tu n'as pas envie parce que tu as assez avec les tiens de problèmes) mais attention ce n'est pas pour les prendre sur ton dos, chacun son sac moi je le décharge au fur et à mesure sur le blog, c'est une de mes solutions que j'ai trouvée, ça comme de peindre.
C'est juste pour que tu saches que je suis la même mais un peu beaucoup esquintée pour le moment.
   
Je voulais ainsi t'expliquer pourquoi les larmes sont  devenues une sorte de moyens d'expression parfois envahissant, pas toujours dominé, pas socialement signe de force (alors que non ... ça nettoie, c'est normal si on a des glandes lacrymales c'est pour humidifier les yeux mais aussi pour pleurer)
Montrer ses émotions n'est pas donné à tout le monde ça a une double face qui peut être handicapante aussi dans les relations humaines quand on les réprime trop ...

Je suis à la fois plus fragile mais aussi plus forte (ben oui gémeaux ascendant gémeaux ça pouvait que s'intensifier) .. si je suis encore là après tout ce qui s'est passé depuis déjà ces 7 ans c'est que j'ai de la force sinon j'aurais déjà abandonné.
Je suis résistante tant physiquement (j'aurais pu mourir plusieurs fois y compris l'histoire du meurte où il ne m'a pas tuée grâce à ma réaction, dont je fais référence dans le blog, je veux arriver à me reconstruire et je sais que la décennie prochaine sera meilleure et plus "glorieuse") que psychiquement sinon je me serai suicidée depuis un moment. Et je n'aurai plus cette espérance et ce que papa m'a transmis, cette manière d'appréhender les gens, de voir la rose malgré les épines.
Et cette envie de toujours chercher et chercher vers le Beau, le Bon, le Bien, la face lumière de la vie.

Le blog  (un copain - le mari de Pat, à comparé ça à l'enfer de Dante !) c'est aussi un billet de "santé" physique et psychique qui explique mon état, et les questions et certaines réponses et qui permet à des copains d'avoir régulièrement de mes nouvelles
mais c'est plus que ça ... c'est aussi thérapeutique pour moi bien sûr, et c'est des peut être je l'espère des réponses à des gens qui entament un parcours du combattant dans la maladie et qui peuvent y trouver des pistes /conseils leur rendant la vie moins difficile.



Voilà maman, je t'aime

A bientôt
MJo qui perds des plumes mais qui en trouve des autres
   

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