lundi 15 décembre 2014

Régénération & Transcendance ? Métamorphose ?

Comme si j'étais enfin arrivée au sommet de la montagne ...

Et j'y suis enfin : je peux contempler ce qui se présentait à mon regard, dans le final du rêve de la montagne.
J'ai encore cette image sous les yeux, dans le regard.

C'est la nuit, les étoiles scintillent et dans le fond de la vallée, à portée de main presque, il y a une cité de laquelle s'échappent des luminosités, des halos de lumières : fenêtres, néons, guirlandes, etc.

Du toit de la montagne je regarde devant moi et j'enveloppe du regard cette ville dans laquelle j'ai rdv. Pas dans l'immédiat mais demain.

A cet instant, je me repose du voyage. Je récupère en contemplant l'endroit où je vais aller demain.

Je sais juste que je vais y aller quand je serai reposée, quand je serai prête, pour y rejoindre une personne qui m'y attend.

Je ne sais pas où ni vraiment qui d'ailleurs
Je sais juste que j'ai rendez vous avec elle.

L'impression d'avoir traversé une période glaciaire, une hibernation.
L'impression d'émerger d'un cocon, d'être la chrysalide qui va se transformer en papillon.

Et j'ai rendez vous avec le loup.

En grec ancien, psukhê signifie à la fois « âme » et « papillon ».
;-)

J'avais écrit que je ne voulais plus de souffrance.
Et j'ai atteint cet état.

Quand elle s'évanouit, la place est libérée pour la vie, dans tous ses états (physique, physiologique, atomique, énergétique, psychique, spirituelle, symbolique, artistique, imaginaire, réelle, ...).

J'ai l'impression aussi d'avoir eu plusieurs vies et d'être à l'aube d'une nouvelle vie, avec un moi transformé par toutes les expériences passées avec un soi adulte et prête à rentrer en contact avec l'autre à la fois librement et complète, réunie.

C'est maintenant le temps entre la fin d'un cycle et l'entrée dans le suivant, un entre deux avant la poursuite du chemin.

Plus tout à fait la même : plus incarnée, plus évoluée dans le sens d'une plénitude personnelle.

Je n'en reviens pas encore de pouvoir dire "oui je suis bien" malgré les épreuves et les maladies.

Je me sens bien et me  ressens bien.

C'est la première fois depuis tellement d'années !!

C'est plein de premières fois !!

J'y suis parvenue ... un pas après l'autre - avec l'aide des autres, bien sûr.

Je sais que je ne suis pas au bout de mes peines, mais je respire, je suis en vie, je ne dois plus me battre, sans arrêt me battre.

Je dois "juste" enraciner, protéger, préserver, discipliner cette énergie retrouvée.

Prendre soin de moi, la personne, avec son corps déficient peut être, mais entière.

Mon frère m'a récemment dit qu'il avait le sentiment de retrouver sa soeur ... j'étais perdue mais je me suis (re)trouvée !

:-)

Que s'est il passé ?

Je ne le sais pas vraiment moi-même.

C'est le moment, le résultat d'un travail et d'un choix aussi, celui de vivre et non plus de survivre.

Ce lundi, j'ai enfin envoyé une lettre en France : et c'est étrange comme impression !  
On dirait que c'est la 1ère fois que je fais ça !! Et pourtant, j'en ai eu fait des courriers et des envois, mais TOUT me semble la 1ère fois pour le moment - et très naturellement en plus -  !! 
Comme si j'avais été amnésique et que je retrouvais la mémoire ... sans angoisse, avec plaisir ! 
C'est vraiment très étrange ! Et gai !! 

J'ai retrouvé les pages que j'avais écrites il y a quelques jours pour ce billet, et qui sont l'écho de ce qui se passe en ce moment dans ma vie. Les ayant provisoirement égarées j'ai écrit les lignes précédentes à la place mais comme elles se sont glissées à mes yeux, c'est qu'elles doivent aussi figurer sur cette page ;-) !

Avant le Faire, Il y a Etre.
J'en suis là.
Je respire, je pleure, je suis en colère, ou joyeuse ... Je veux avancer.
Je ne suis pas qu'une personne malade en voie de rémission.
Je découvre -  avec cependant l'état d'esprit d'un enfant - que je suis riche d'expériences et de blessures mêmes. La différence c'est que je peux décider en toute conscience qu'elles ne vont pas, seules, me déterminer.

Je suis devant une page blanche, celle de la dernière partie de ma vie.
La mort ne veut pas de moi ? Alors je vais vivre, et bien ! Le mieux possible !
Même si je suis "fatiguée" je n'ai plus le sentiment de lassitude et de désespoir.
Je me repose et je "nettoie", je trie, je jette, je donne, je range.
Je dois et veux reconstruire (sinon à quoi bon être passée à travers et vivre encore maintenant  mais autrement ces problèmes de santé, ces deuils, ces renoncements de personnes chères, de situation professionnelles, de statut social, etc ?).
Merci à ceux qui m'ont accompagnée (même si certains restent sur le bord du chemin, en cours de route).

Le début de la journée est excitant. Il peut être source d'angoisse mais quand je regarde le lever du soleil sur les lacs de montagne, il n'est que promesses.
Je ne sais pas forcément ce qui va se passer mais j'ai des repères.
Le jour va se lever, et la journée sera ce qu'on en fera avec son lot de surprises.
Je suis en haut de la montagne.
Et je m'arrête un instant, pour récupérer et décider  où je vais aller.
Tant pis si je me perds. Pas le sens de l'orientation mais j'arriverai là où je dois aller.

Une feuille blanche, oui mais le crayon est libéré.
Je vais  (re)construire, comme un enfant à l'aube de sa vie.
Une boucle est en train de se boucler et je vais entrer dans la suivante, celle dans laquelle je décide moi de m'y fondre et d'y avancer : plus seulement de boucles où je suis ballotée par les événements de vie ou les autres. 
J'ai réussi à émerger du bourbier.
Et devant moi se présentent tous les chemins du possible.
Imaginons quelqu'un que je ne connais pas et qui me demande ce que je fais dans la vie, dans ma vie.
Je vais lui répondre : je suis
Le vent du dedans
La brise qui caresse le coeur et le corps
L'ouragan qui déchire le coeur et le corps
Le vent piquant qui érafle le coeur et le corps
le souffle chaud qui effleure le coeur et le corps
L'air qui permet de respirer 
Le coeur et la Vie

Patricia, Fio, Jean, Andrée, Jean, Maria, JP, et d'autres,  je vous garde dans mon coeur, votre chemin s'est arrêté ici, je continue ma route.


J'ai reçu un courrier de l'hôpital universitaire à Bxl, où je suis actuellement suivie : "immunité déficiente primitive".

Bon, on va maintenant  voir si la thérapie génique ou si des traitements systémique hors les affections qui mobilisent déjà ma personne peuvent améliorer mon état de santé !!

Recevoir un diagnostic de cet ordre a quelque chose de rassurant et de déculpabilisant !!
Ma responsabilité maintenant c'est de prendre soin de l'équilibre actuel et si possible d'améliorer mon bien-être par tous les moyens possibles pour Vivre, enfin.

"Résistance" (ici et maintenant sur mon balcon) :


mardi 2 décembre 2014

Le rapport au Corps Abimé

Difficile de ne pas être ambivalente dans le lien que j'ai avec mon corps : à la fois support des maladies, des maux et des douleurs ... temple de l'esprit et de l'âme  dont je veux prendre soin parce que malgré tout, il résiste et il est encore là.

(Ces dernières consultations, parce qu'on trouve lentement mais surement une sorte d'équilibre dans les traitements et leurs superpositions, j'ai entendu plusieurs fois les médecins me dire "On est revenu de loin quand même !" - "Beaucoup auraient abandonné en chemin" - Vous êtes bien plus résistante que vous ne le pensez" - "Regardez tout le chemin parcouru" - "Quel destin par le corps et l'esprit !" ...  des réflexions du genre qui se multiplient).

Comme une croisade pour rester en vie.

Alors oui mon corps a été malmené  - et l'est toujours, même si c'est moins critique : charcuté, opéré, troué, découpé, empoisonné (le poison est le remède aussi), faible, mourant, médicamenté, baxtérisé, transfusé, choqué, tombé, douloureux, choqué.

Mais il tient le coup, à chaque fois qu'il se remet et qu'il replonge pour une autre affection souvent consécutive aux précédentes ou aux traitements, il se relève. Il en sort ...

(Je me demande si les personnes qui n'ont jamais connu personnellement la maladie, l'opération ou l'accident, l'atteinte dans leur corps peuvent sentir ce que c'est d'être ainsi dans cet état de réduction, de fatigue qui n'a pas à voir avec la bonne fatigue d'une activité ou d'une soirée arrosée ?)

Comment l'aider à se renforcer ?
Je cherche, je trouve des parades : Reïki, massages, drainages lymphatique, kiné ... bouger dès que je peux, avec mesure. Le nourrir comme je peux et comme il l'accepte. Le repos, même si l'esprit s'agite. La concentration.
Mais il manque néanmoins de quelque chose d'important : les caresses et la tendresse d'autre(s) que moi (ben oui, je suis très "toucher", "ressenti"). Ne fut ce que tenir la main, caresser la nuque.

Je ne suis pas prête pour autant à le brader ! ;-) 

M'éloigner - plutôt prendre de la distance -  petit à petit de l'hôpital, ce lieu de survie et de restauration à la fois.
(J'y arrive, mais pas seule, j'ai encore besoin des autres qui m'accompagnent au gré des moments. Sinon je me casserai encore la figure, je tiens à un fil : vous n'imaginez pas comme c'est important pour moi d'être accompagnée, réellement accompagnée, quand je vais à l'hôpital ou ailleurs pour me soigner; paradoxalement c'est de plus en plus difficile tellement je suis saturée et imprégnée à la fois d'actes invasifs et d'annonce de mauvaises surprises. Je mesure par ailleurs la chance que nous avons en occident de pouvoir être soigné, à ce prix.)

Et encore,  il y a aussi un hiatus entre le corps visible - l'image extérieure,  et ce qui est interne.
L'état de la "machine"  : paradoxe du paraître plus jeune que je ne suis,  et rien de ce que j'ai traversé 
(cancer, maladies, chirurgies and Co) à un point que c'en est vraiment étrange, n'a laissé de traces visibles (d'autant plus quand je suis habillée) si ce n'est quelques cicatrices, au demeurant pas vilaines.
Moi je sens les traces, dans ma chair, dans les douleurs et les malaises, par exemple.
Mais pour l'oeil extérieur non averti : rien.
Et en réalité mes organes et l'état sont vieillis avant l'heure, abimés, usés, atrophiés pour certains ...

Mais ... ils vont ! A moi de les préserver encore.

Quand j'étais enfant, je m'étais rêvée en guerrière, sur un champ de bataille, pleine de cicatrices.

Là je peux dire à la gamine qui n'avait pas conscience que "c'est assez, c'est bon" ! 
Pas besoin de plus !
C'est étrange comme certaines pensées prennent forme dans le réel "à l'insu de son plein gré" : la 1ère fois que je me suis retrouvée dans le premier hôpital pour le premier examen déclencheur/découvreur du cancer, j'ai envoyé un sms un peu humoristique  à mes collègues :"j'ai pris un abonnement, je dois revenir" ...

Et puis, c'est aussi fantastique comme les ressources de l'être - son corps et son âme - sont généreuses. On n'a qu'un corps, on est obligé de l'occuper, alors faire la paix avec lui, le respecter et en prendre soin, c'est un joli cadeau qu'on se fait.

Maintenant c'est le repos, "l'hibernation", avant la floraison du printemps.

J'espère.

(les photos peuvent paraître impudiques à certains mais ce corps a tellement été "médicalisé" que la notion d'intimité en est sans doute biaisée et il est donné à voir sans malice, juste pour montrer qu'il a beau avoir été malmené, il peut encore être support au désir - ce ne sont que des images, pas le moi profond - et c'est valable pour chaque personne, au delà du paraître, je pense)