lundi 10 mars 2014

Lendemains de Chimio Rémicade ...

Ca y est ...
Mal de gorge, rhume, patraque ...
Mais !! grâce à mes antibiotiques en continu, ça ne dégénérera plus en pneumonie ou autre saleté !! :)

On est en mars ... l'année passée je participais au déménagement de mon amoureux ...
Les périodes "anniversaires" arrivent.
C'est toujours un moment critique dans les deuils (comme j'en ai plusieurs en cours ...).
Une remontée, comme une réplique très forte d'une éruption volcanique.

Tous les jours je me réveille en pleurant.
Je sais que je passe une partie de mes nuits à  rêver de "tout ça mélangé" : les morts, les hommes, les ruptures, ma famille nucléaire, des amis, la peinture et des couleurs, les maladies, les lits d'hôpital, la pension anticipée, la solitude, pas beaucoup de choses joyeuses ... c'est le grand réaménagement psychique dans ma tête.

Le bordel.

Tous les soirs je m'endors en pleurant. Seule dans mon grand lit (en restant bien à ma place, à gauche ! Que c'est con en fait !). Enfin non, il y a un gros chat ronronnant qui se colle à moi.

Je me demandais pourquoi il s'était mis à me mordre il y a des mois ? En fait les chats n'aiment pas les personnes en dépression car elles s'occupent nettement moins d'eux dans cet état. Alors ils mordent. Du coup je fais des efforts pour le caresser souvent, lui parler (si si, nous avons développé un langage commun), le peigner, jouer, etc. Et depuis, il ne me mord plus. Sauf quand parfois je m'arrête de le papouiller sous la mâchoire, il n'en n'a jamais assez et j'ai droit à une petite  mordille pour dire que ...

Dans la semaine, j'ai du aller porter mon dossier médical à cette fameuse Commission de mise à la retraite ... je ne m'y attendais pas mais en fait il s'agissait d'une convocation pour être vue, entendue par le médecin contrôle provincial qui prépare le travail pour les 5 éminents médecins et haut fonctionnaire qui siègent et décident de mon avenir.
J'ai donc du raconter tout mon cursus médical ... des bouffées d'émotions auxquelles je n'étais pas préparée. Un ami, chauffeur du jour, était rentré avec moi. Plusieurs fois il a mis sa main sur mon genoux pour me calmer ... mais c'est incalmable. Tellement de traumas, de blessures non encore cicatrisées, forcément je suis encore en plein dedans pour certains aspects, tellement d'inconnues, mon corps n'est plus sous mon contrôle ...

Qu'est ce qu'il a donc remué, malgré lui et malgré son empathie. Un vrai bouillon, une vraie tempête, une fêlure dans les gros pansements et après ?
Torrents de larmes et de sanglots, et les mots eux mêmes ne pouvaient sortir.
Que la douleur et la souffrance.

Depuis la mort de mon père et avoir pleuré à ce moment là dans les bras de mon frère et de ma sœur, je n'avais plus pu pleurer dans les bras accueillant d'une âme amie.

Et puis le lendemain, ma chimio ... en fait c'est de + en + difficile d'aller là bas.
Et j'en ai peut être pour 5 ans, 10 ans ...
Etre accompagnée d'une personne proche et aimante m'aide. Me donne de la force.
Ce sont 4h à part, hors du temps des autres.
Cette fois ci physiquement cela s'est bien passé. Juste quelques nausées (ben oui, j'ai craqué et mangé une gaufre de leur bar self service !).
J'avais ma place préférée dans la salle. Pas la plus calme parce que proche du desk des infirmières, c'est un endroit très bruyant (toujours des boules quies sur moi) mais proche des toilettes (se balader avec Oscar le perroquet bien lourd à cause de son appareillage et ses sachets et ses fils attaché chez moi bien souvent avec la perfusion sur la main, car plus aucune veine du bras n'est bonne, avec la cicatrice de l'hépatectomie qui tire toujours - porter et pousser ou tourner le torse sont des mouvements douloureux pour moi - c'est toujours un peu chiant alors autant ne pas être loin des endroits fréquemment fréquentés) et du bar, dans le coin qui donne la vue sur l'entrée et toute la salle. Le petit coin refuge.

Et les lendemains ... fièvres, état grippal, fatigue exponée comme disait une copine néelandophone ... bon je le savais mais de le vivre, revivre à chaque fois, j'avais presque oublié. Surtout quand il y a du soleil et que tout le monde sort fêter ça !

Rien à dire sinon que ce fut, malgré la présence aidante de l'ami, difficile.

J'ai envie de hurler.
Mais non, hier soir je me suis endormie en mettant en pratique l'enseignement de Thich Nhat Hanh, la méditation pleine conscience : je respire, oui je souffre, je respire, oui je suis en colère, je respire, oui j'ai mal, je respire ... j'accepte (j'essaie) ce qui est.

Les réflexes reviennent vite ... ayant pratiqué pendant un bon moment, en 2 respiration les pleurs se sont délayées et je me suis endormie. En pensant aussi à Patricia, qui vivait dedans.

Que cette semaine vous soit bonne.




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