jeudi 17 juillet 2014

Elle est seule, Marie , Elle est libre Marie ...

Le paradoxe du blog ... du mien en tous cas.

Je voulais au départ y déposer les pierres qui alourdissaient mon sac à dos afin de pouvoir consacrer mon énergie à prendre mieux soin de moi, à m'aimer mieux, à grandir, à me développer sur tous les plans de la vie, à apprendre, à échanger, à me décharger, à être éventuellement utile à d'autres ...

Et puis dans la vraie vie, il se passe des choses secrètes. Et taboues.
Secrètes parce que des limites pour vivre la relation secrète dans un certain espace cadré sont mises par les protagonistes. (soit l'un n'est pas libre, les deux ne le sont pas, soit la relation se vit dans un cadre "interdit" car avec un soignant, libre ou pire pas libre non plus, ou encore avec une personne du même sexe alors qu'on ne sent pas homo pour autant, c'est juste une relation d'amour avec cette personne là, ou même il a 25 ans de moins ...)

Il n'est donc pas question d'en parler dans un blog public, forcément.

Taboues.
Parce que dans notre société occidentale où le politiquement correct s'impose souvent, parler de certains effets secondaires du cancer du sein ou/et de la maladie de Crohn  et de leurs traitements, par ex, peuvent heurter certaines sensibilités. Moi j'y suis allée, j'en ai dévoilé certains pans : des cicatrices qui font mal, un sein devenu insensible et devoir expliquer à un nouveau partenaire "le mamelon droit tu peux mordiller mais le gauche, vas y plus fort, tu peux bien mordre pour que je sente quelque chose", ou encore les conseils pour la sécheresse des muqueuses et l'existence de fistules rectovaginales avec les emmerdements que cela procure au quotidien dans les soins, sur l'image de soi, lorsqu'on veut faire l'amour et qu'il faut s'adapter. Les tellement multiples passages aux toilettes que quand je vais quelque part, c'est la première chose que je repère : "les wc". Que dans son sac il faut une trousse avec un attirail spécifique (lingettes, huile d'amande douces, du désinfectant liquide pour les mains qui sèche tout seul pour une hygiène plus  que parfaite - parce qu'en plus on est en immunodéficience !! une crème pour après, éventuellement du lubrifiant...). Et que dire de ceux qui sont stomisés et ont une poche.

Qu'on aie un partenaire depuis longtemps, depuis peu ou pas encore - alors il y aura une nouvelle rencontre et comment faire avec tout "ça" ... comment se sentir séduisante, féminine, attirante ?

Parler de Sexe, aussi, de comment vivre une vie charnelle, de comment vivre sa féminité - ou masculinité - de pouvoir vivre une sexualité épanouie vraie, pas une rêverie fantasmagorique : de quelle manière est ce possible quand on est malade et amoché ?

Certains diraient  : "mais ce n'est pas la priorité, enfin !" ...

Personnes auxquelles je réponds : pour moi faire l'amour dans une relation partagée lors de laquelle des sentiments et du désir mutuels s'expriment, c'est Vital, c'est la Vie même, c'est l'Essence de la Vie.

La douleur arrive par le corps et le meilleur médicament c'est aussi le corps qui peut nous l'apporter, avec les endorphines naturelles.

(Je ne parle pas du fantasme réalisé du "coup d'un soir" avec un bel inconnu -quasi inconnu mais pas tout à fait quand même, prudence - qui redonne un brin de plaisir mais qui est à mettre à sa juste place des choses qu'on a envie de réaliser une fois dans sa vie comme de faire un vol en montgolfière ou d'autres petits et grands rêves)

Grand paradoxe ... je suis libre mais bridée par ces maladies que je commence doucement à détester.

Libre et Seule, Libre et Plaies - tant physiques qu'affectives et psychiques.

Et je ne cicatrice pas bien du tout ... à cause de l'antibiothérapie continue, et de l'accumulation des traitements et des événements.

Demain je commence ma journée par ... voir un médecin vers 10h.
Et je termine ma journée active par ... voir un médecin en catastrophe, de nouveau, vers 18h30.

Je suis fatiguée, lessivée, cassée, fracturée, déçue, en colère, triste, seule mais libre ...

Finalement, l'homme à la hauteur dans toute mon histoire est l'homme qui est le meilleur ami de mon père et qui ne m'aura jamais abandonnée (malgré tout ce que je pourrais lui en vouloir d'autre). Il a tenu parole (il ne me lit pas, tout comme ma famille), il m'aide et je l'en remercie.

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